« DE BARJOLS »
Constituée de multiples toiles posées les unes sur les autres, la peinture de Sylvie Guimont joue avec le constant recadrage et l'éternel recommencement du tableau.
Ses surfaces picturales incitent à lever le voile sur les autres toiles glissées derrière. Ces agencements de traces de visibilité forment un système relationnel qui permet au spectateur de faire face à "une autre peinture", à "la prochaine phase de la peinture". Dédoublements, détournements, ce déploiement spatial étend le spectre de la mémoire de la peinture, pour mieux la repenser.
Les peintures de Katharina Schärer conçues à partir de plaques alvéolaires industrielles questionnent à la fois le contenu et le contenant. Dans ces alvéoles rectangulaires, l'artiste injecte des quantités variables de couleurs. le médium peinture glisse dans un espace autre que celui d'une surface, celui d'un contenant qui retient la matière et laisse le hasard agir dans la coulée. Elle conjugue sans fin, la métaphore d'un sillon infini, la trame linéaire d'une étendue de couleurs.
Colorée, chaleureuse, la peinture de Christiane Ainsley est éminemment séductrice. La verve exubérante de sa matière, l'énergie de son geste pictural emporte tout sur son passage dévoilant jusqu'à son support. Elle procède par surcharge, sa matière charnelle nous entraîne dans la sensualité des épaisseurs, des opacités, des transparences. Ses paysages cosmiques tel un magma bouillonnant d'un monde en train de se faire ou se défaire donne une image informe qui peut être pensée comme entité immatérielle.
John Francis agence des carreaux de céramique blancs, minutieusement cassés au préalable. Il utilise les accidents pour créer des formes géométriques raffinées. La froideur des carreaux blancs rehausse la poésie des tremblements des cassures, des erreurs de pressions. Paradoxalement l'artiste semble, grâce à la fissure donner chair à l'idée de la forme parfaite. Dans ce travail de reconstruction, un défi pointe celui de contrôler l'accident, le hasard.
Ce groupe propose de nouveaux espaces de compréhension et d'articulation de la matière plastique et de son support. Il ne s'agit pas ici de donner forme à des images, grâce au métier mais de livrer le processus artistique en tant que figurabilité.
Madeleine Dorée oct.09