« made in Barjols »
Maison du Cygne
83140 Six-Four-Les-Plages
« aller voir... ou faire ce que dit la peinture »
Journal-Sous-Officiel no.039
Madeleine Doré
Katharina Schärer construit des tableaux à partir de la matière picturale. Ses peintures occupent le second espace de la Maison du Cygnes. Elles sont présentées au mur et au sol comme des objets.
Ses tableaux sont conçus à partir d’anciennes plaques alvéolaires industrielles. Dans ces tubes rectangulaires, l’artiste fait glisser des quantités variables de couleurs. L’ensemble forme des bandes colorées, un jeu subtil d’alternance multicolores construit par étagement minutieux que l’artiste présente verticalement au horizontalement.
Ce dispositif qui questionne à la fois le contenue et le contenant, n’est pas sans rappeler le travaille moderniste associé à l’exploration des virtualités du médium.
Les peintres du mouvement Color-Field, (champs de couleur) comme Helen Frankenthaler, et Morris Louis versaient de la peinture sur des toiles non préparées pour suivre les effets de fluidité et les multiples possibilités de compositions.
Pour Katharina, c’est d’abord la rigidité de ses plaques industrielles qui sert de plate-forme à une remise en question des frontières picturales et de ses expansions possibles.
Faire ce que dit la peinture de Katharina Schärer, c’est suivre le passage de l’outil à la technique, un déplacement producteur de paradoxes. Suivre le tracé de la couleur, pas celui du geste du peintre mais celui du médium peinture qui glisse dans un espace autre que celui d’une surface, celui d’un contenant qui retient la matière et laisse le hasard agir dans la coulée. La peinture s’entend comme s’il s’agissait de mouler ou de remplir une fonction visuelle. La matière peinture devient signe, signal. Elle est significative d’une volonté d’occuper l’espace intermédiaire entre la sculpture et la peinture, l’architecture et le design. C’est cette interface que l’artiste propose dans les espaces d’exposition. L’agencement infini des lignes. Les épaisseurs, les modulés, les ajouts donnent un côté accidentel au travail et une potentialité infinie en terme d’occupation des lieux.
La peinture n’a riens perdu de sa magie à notre ère virtuelle, les peintres revisitent sources d’expressions, ses formes et ses techniques. La peinture reflète-t-elle l’époque dans laquelle nous vivons ?
Peindre pour être compris disait Van Gogh et 500 années auparavant Jan Van Eyck, écrivait en dessous des ses œuvres «du mieux que je peut».
Pour Katharina Schärer peindre implique un déplacement de la peinture et du peintre qui propose de nouveaux espaces de compréhension, d’appréhension et d’articulation du présent.